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Alexandre Baumont

Head Of Marketing - Wiseband

14 Juin, 2023

DeLaurentis, artiste, compositrice et productrice toulousaine, a plongé en autodidacte dans l’IA. Elle en est devenue une experte, travaillant avec les outils les plus récents dans ce domaine. Nous l’avons rencontré au Forum sur les pouvoirs du Son à l’IRCAM.  Son album « Classical Variations Vol.2 » sort ces jours-ci sur toutes les plateformes. Elle nous raconte sa relation avec son métier et avec l’innovation.

Ravi de savoir que tu es distribuée par Wiseband !

Oui, je suis revenue chez Wiseband en fait. J’ai sorti mes premiers titres chez Wiseband en 2017-18 puis je suis allée voir ailleurs et là, je suis revenue !

Je préfère l’interface, qui est beaucoup plus simple. Je me sens plus indépendante aussi. On a accès à tout. On peut aller chercher ses back-links sans envoyer d’e-mail. On a accès à toutes ses données. Je préfère être indépendante et autonome, ne rien avoir à demander à personne et faire tout toute seule. Et je trouve qu’avec Wiseband c’est plus simple.

C’est l’indépendance attitude ! Les machines, l’IA, ça aide à être plus indépendante ?

Oui clairement. C’est mon histoire. Les machines m’ont permis d’être totalement autonome, d’être seule dans mon studio et de pouvoir créer ma musique et de la mettre en ligne facilement, de sorte à ce qu’elle soit accessible, de faire moi-même mes contenus, mes vidéos… 

Alors évidemment, il m’est arrivé d’engager des réalisateurs pour faire des clips. Mais sinon, en général, je suis autonome.

Est-ce que tu pourrais dire que tu es une geekette ?

C’est vrai que je suis tout le temps en train de regarder des tutos, de m’informer… Je reviens juste du NAMM Show à Los Angeles, le grand Salon mondial de la musique où il y a toutes les nouveautés. Alors effectivement, sur mon fil d’actualité, que ce soit sur Instagram {@delaurentis.music], sur Facebook, sur YouTube, je n’ai que des suggestions, des nouveaux synthés qui sortent, des nouveaux plugins. Donc je suis tout le temps, tout le temps en train de me documenter et d’expérimenter. Je travaille avec des marques comme Arturia, Ableton, qui me font confiance et qui me permettent d’expérimenter, parfois en bêta, les nouveaux outils. J’aime ça. Alors oui, c’est vrai. Je suis geek, clairement.

Tu travailles à domicile et malgré tout tu as déjà construit une belle notoriété ?

Tout se passe sur internet aujourd’hui. Il n’y a plus besoin de rencontrer les gens physiquement, d’être sur place. Moi, ça fait un an là que je suis installée au Cap Ferret. Ca m’arrive d’aller à Paris, évidemment, mais depuis le confinement tout se fait à distance. On a commencé pendant le confinement à faire des livestreams, à créer à distance avec d’autres musiciens. Moi j’ai fait plein de collaborations à distance avec Joachim Garraud notamment. Et là on a fait un album entier à distance, « Avoriaz »,  dont le premier single, « Connected », est sorti récemment chez Wiseband.

Lui était à Los Angeles, moi j’étais ici et par la Dropbox, on travaillait sur la même session Ableton Live. Ce qui était génial, c’est qu’avec le décalage horaire, moi je travaillais toute la journée sur une session, puis j’allais me coucher et le lendemain matin, quand je me réveillais, la session avait avancé !

On peut tout faire à distance et avec les marques, je ne rencontre pas les gens non plus, ça se passe aussi en ligne. A force d’être partagé sur Instagram ou sur Facebook ou sur YouTube, dans des réseaux de passionnés de d’instruments, j’ai commencé à être identifiée et à partir du moment où on est identifié, les gens viennent voir vos contenus. C’est pour ça que c’est c’est très précieux les contenus que l’on fait tout seul en fait, dans notre studio, parce que c’est ça qui va être la vitrine de notre travail et c’est comme ça qu’on est contacté par des marques.

Tu combines ancien et moderne. XXème siècle et IA…

J’aime bien revisiter des thèmes classiques du début 20ᵉ, des Français comme Debussy, Satie, Ravel. C’est mon envie, parce que c’est ce qui me touche, ce sont ces musiques là qui m’ont influencé. Et je trouve ça intéressant  de les revisiter par le biais de la musique électronique et avec les nouvelles technologies qui ne font qu’évoluer. Et en fait, voilà, l’intelligence artificielle aujourd’hui, c’est l’évolution naturelle de la musique. 

Parce que quand on voit toutes les révolutions qu’il y a eu dans les styles musicaux, il y a toujours eu un nouveau style parce qu’il y avait un nouvel instrument, une nouvelle technologie, l’amplification des guitares, l’arrivée des ordinateurs, de la MAO et aujourd’hui, l’IA, c’est juste la continuité naturelle. Donc les musiciens comme moi l’intègrent dans leur processus et dans leur manière de créer de la musique.

L’IA, c’est la grande mode aujourd’hui !

Je travaille avec des IA depuis 2019. C’est à dire que ce n’est pas parce que c’est la mode aujourd’hui que d’un seul coup je mets en avant le fait que j’utilise l’IA. J’ai commencé avec Benoît Carré (alias Skygge) chez Spotify. Le premier single « Somewhere in Between » est sorti en 2020 et depuis septembre 2020, je parle de ça et je mets ça en avant. Jusqu’à présent, c’était un frein de dire qu’on utilisait l’IA. Les médias n’aimaient pas ça, en avaient peur… C’était trop tôt… 

Et depuis le mois de janvier, depuis l’ouverture de Chat GPT au grand public, d’un seul coup, les médias ont commencé à en parler différemment. Mais pour moi, rien n’a changé. J’ai toujours mis en avant l’IA.

C’est comme pour tout, dès qu’il y a une nouveauté, il y a un temps pour la peur, un temps pour la curiosité et un temps pour l’acceptation. Ça y est, l’IA fait partie du paysage. Mais ce n’est pas une mode, loin de là, c’est un outil de création.

Lors du Forum pour les pouvoirs du son organisé par Ircam Amplify, tu as joué Ryūichi Sakamoto. ce n’était pas très longtemps après sa mort…

J’étais très triste parce que c’était mon compositeur préféré. Et c’est ce thème là (la musique du film Furyo, avec David Bowie) qui me l’a fait aimer instantanément. En fait, j’avais prévu de faire ce morceau avant d’apprendre sa disparition.

Ce partenariat avec l’IRCAM t’apporte beaucoup ?

Oui, j’utilise leur chœur virtuel, une technologie Ircam de Greg Beller accompagnée par Ircam amplify. 

C’est une vraie révolution pour moi qui met la voix au centre de tous mes travaux et qui utilise beaucoup les vocodeurs comme texture dans toutes mes prods. Il n’y a pas mieux pour moi que ce chœur virtuel pour harmoniser une voix.

Et là en plus c’est un outil de live. Tu fais des gestes, des mouvements qui se transforment en sons… 

Mais oui, c’est important, sur scène, que les gens comprennent que le son et le geste sont associés, parce que c’est aussi un spectacle. On a besoin de ressentir quelque chose, d’entendre et en même temps de regarder. Donc oui, le chœur virtuel donne cette possibilité puisque je le manipule avec des gants MiMU. 

C’est moi qui ai eu cette idée. Parce qu’en fait, au départ, le chœur virtuel se jouait avec un clavier. J’ai voulu les associer avec les gants MiMU, un contrôleur développé par Imogen Heap, une de mes grandes références avec Laurie Anderson, la pionnière de la musique électronique.

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